Le Burkina Faso veut se doter d’un centre des affaires, moderne et modèle, digne de son rayonnement économique. Ce qui est apparu comme une chimère dans les perspectives les plus audacieuses en matière d’urbanisation de la capitale burkinabé, entre enfin dans sa phase de concrétisation.
« Le vrai défi est là », a lancé le Premier ministre Tertius Zongo, jeudi 14 janvier dernier, au lancement des travaux de construction la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA). Après que l’Entreprise Bonkoungou Mahamoudou et Fils (EBOMAF) ait réussi à 95 % la viabilisation sans faute (qualité et délais respectés) à la satisfaction de toutes les parties prenantes, cette aventure dans l’urbanité, jamais réalisée dans l’histoire du pays est bien lancée. En premier concerné, le gouvernement se réjouit de ce tournant décisif dans la mise en place du plus grand pôle urbain de classe exceptionnelle de la capitale.
Ce n’est plus un rêve, le projet de transformation du centre-ville de Ouagadougou en un véritable sanctuaire moderne pour les affaires, les services, les loisirs et le commerce comme le Plateau à Abidjan (Côte D’Ivoire) ou Manhattan à New York (Etats-Unis) est entré dans sa dernière ligne droite.
Selon les projections, ce sera une réalité dans les cinq prochaines années. Après le temps des balbutiements, l’heure est maintenant à l’élevation des immeubles. « Pour nous qui voyageons beaucoup dans le monde, la première impression sur une ville demeure l’habitat. Ce projet auquel nous adhérons pleinement va renforcer la bonne image de notre pays à l’extérieur », justifie Hamidou Ouédraogo alias « Hamid-Carreaux », PDG du Centre commercial Patarbyendé (CCPA). L’optimisme se lit maintenant sur tous les visages. La direction générale du Projet et des sociétés locales (EBOMAF, ONATEL-SA, ONEA, SONABEL, promoteurs immobiliers) ont conjugué leurs efforts pour tenir cet important pari.
« Vraiment, si une entreprise burkinabé est en mesure de réaliser des ouvrages pareils de très belle facture, le pays possède alors une réelle expertise dans le domaine des BTP qu’il peut partager avec le reste des Etats africains qui ont sans cesse recours aux multinationales pour leurs infrastructures routières », ont reconnu en août 2009, M. et Mme Jaspin, un couple de touristes européens émerveillés devant le beau visage du nouveau du site. Les nouvelles artères et les divers réseaux dans la zone forcent bien l’admiration. Sur les 274 parcelles de 500 à plus de 1 500 m2 dégagées, seule une vingtaine attend acquéreurs. Le directeur général du projet ZACA, Moussa Sankara , affiche un sourire de soulagement. Le bout du tunnel est à portée de main. Après l’aménagement, l’érection des immeubles apparaît comme le plus grand challenge à gagner. Une initiative à supputations.
L’option d’étendre la zone a fait couler tant d’encre et de salive. Pour certains Burkinabé, cette initiative n’était qu’un leurre. Pour d’autres, elle rentre dans le lot des entreprises utopiques de la quatrième République. Et pourtant, depuis la signature du décret instituant sa mise en œuvre, la ZACA a tenu les dirigeants en haleine. Après le déguerpissement au forceps des populations des quartiers insalubres de Koulouba, Zangoétin, Kiendpalgo et Peulghin, le terrain nu ainsi dégagé de quatre-vingt-cinq (85) hectares (ha) est resté longtemps le nid des ordures de toutes sortes et un véritable guêpier en matière d’insécurité.
Le Burkina Faso a, certes, réussi là où de nombreux pays traînent encore le pas sous peine de rencontrer le courroux de leurs populations : se débarrasser de la promiscuité et de la précarité urbaines en pleine capitale. Mais le plus dur a traîné : la réalisation des belles maquettes.
La léthargie observée dans la conduite du projet a animé toute sorte de rumeurs et aiguisé le scepticisme chez bien d’habitants de la capitale. Tantôt, c’est la nappe phréatique de la zone qui serait si inondée d’eau qu’il impossible d’y implanter des immeubles. Tantôt, le gouvernement ne disposerait plus de ressources pour entreprendre les travaux d’aménagement. Ou encore les souscripteurs se seraient tous désistés laissant une patate chaude aux mains de l’Etat. Les arguments ne manquent pas surtout que la multiplicité et la diversité des projets immobiliers (Ouaga 2000, ZACA, Bobo 2010) semblent avoir dispersé les capacités financières des investisseurs qui se trouvent en réalité être les mêmes dans tout le pays. Crise économique et financière oblige aussi. Les différents responsables qui se sont succédé à la tête du projet ont beau donner des explications, les commentaires sur un éventuel échec vont bon train. « L’Etat ne vise aucun bénéfice dans cette opération.
Il est seulement animé d’offrir un pôle urbain moderne pour la promotion des services et du commerce dans la capitale », répète, Moussa Sankara, l’actuel directeur général du projet ZACA. Bien que le coût du mètre carré (m2) soit de cent mille F CFA contraignant certains souscripteurs à revoir leurs ambitions spatiales à la baisse. « Les prix des parcelles ont été fixés bien en dessous de leurs valeurs réelles. Il n’existe nulle part ailleurs au Burkina Faso un lieu où un promoteur immobilier peut bénéficier d’un tel emplacement et de telles commodités », ajoute-il.
Le dur combat de l’urbanité en Afrique
Les détracteurs du Projet n’ont commencé à mettre un peu d’eau dans leur vin qu’à partir du moment où une séance du Conseil des ministres a attribué à EBOMAF, les travaux de réalisations des Voiries et réseaux divers (VRD). La célérité observée dans la réalisation de ces ouvrages a fini par convaincre les plus sceptiques. Elle s’est enchaînée avec le bitumage des rues principales et secondaires ainsi que la construction de caniveaux couverts par la même jeune société de travaux publics dont l’expertise et le respect des délais d’exécution ne cessent de surprendre les Burkinabé. « Les souscripteurs peuvent d’ores et déjà entreprendre leurs constructions en toute quiétude. Les travaux de viabilisation annexes ne gênent en rien le bon déroulement de leurs chantiers », convainc Moussa Sankara.
Avec les deux volets de l’aménagement accomplis après le déguerpissement à coups de lacrymogène, le projet ZACA vient de se donner une âme. Sans que des immeubles d’une hauteur maximale de sept mètres ne soient encore visibles sur le site, la qualité des voies fait déjà le bonheur des usagers et la fierté de la municipalité déjà confrontée aux embouteillages. A ce jour, l’Etat y a injecté cinquante-trois milliards F CFA aussi bien dans l’indemnisation des anciens résidants que dans l’aménagement.
La viabilisation réussie par EBOMAF est accompagnée par l’intervention de divers concessionnaires (ONATEL-SA, ONEA, SONABEL) qui s’affairent aux réseaux souterrains pour la fourniture du téléphone, de l’eau et de l’électricité dont le coût financier est estimé à huit milliards F CFA. Comme par enchantement, de nombreux Ouagavillois adhèrent au Projet et ne manquent pas de tirer leurs chapeaux aux entreprises qui ont fait montre de savoir-faire et d’élan patriotique pour que la concrétisation de ce chantier gigantesque soit effective.
« Il serait malhonnête de ne pas reconnaître que les travaux ont désengorgé le trafic et amélioré l’image de la ville. Peu m’importe comment l’entreprise a gagné ses marchés. Ce qui est important à mes yeux, c’est la qualité de son travail dans les délais requis. Tant qu’elle respecte ces deux critères, on peut lui donner des marchés puisque personne n’ose nier son potentiel en matériel, en ressources humaines et en expertise des Travaux publics (TP). J’en ai fait le constat sur ce site voisin à mon lieu de travail et sur son parc à Kossodo. La ZACA illustre la puissance de frappe de cette société qui ne cesse de se bâtir une notoriété. C’est tout à l’honneur de son fondateur et de notre pays. Quand c’est bien fait, il faut avoir le courage de l’affirmer », soutient Ismaël Dioma, usager travaillant dans les environs de la ZACA.
Les experts immobiliers évaluent entre 300 à 500 milliards F CFA les investissements relatifs aux travaux de construction sur le site. Cette manne va non seulement débarrasser la capitale de sa forte teneur en pauvreté à travers des milliers d’emplois mais aussi améliorer considérablement son visage en matière d’urbanité.
Hermann OUEDRAOGO (Collaborateur)
Sidwaya
Encore un article intéressant , merci je vous rajoute dans mes favoris tout de suite 😉