La date buttoir pour la fin du chantier de la route Koudougou-Dédougou est fixée au 30 novembre prochain. Face aux différentes allégations mensongères entretenues çà et là autour de cet important ouvrage, le P-DG de EBOMAF, Mahamadou Bonkoungou sort de sa réserve pour indiquer une fois pour toute que «son entreprise a suivi à la lettre ce qui lui a été demandé».
• Comment vous justifiez-vous devant le jugement d’une récente mission parlementaire sur le chantier de la RN 14, dont votre entreprise a la charge, selon lequel «les travaux accusent un grand retard» ?
Mahamadou Bonkoungou (M.B.) : Grand a été personnellement mon étonnement d’entendre une telle réaction. Ce jugement ne colle pas avec la réalité de terrain que toute personne peut aller constater et se rendre à l’évidence à l’aide d’explication technique. Pour ma part, j’estime que lorsque des personnalités investies de l’autorité de l’Etat mènent une mission d’inspection d’une telle importance au nom du contrôle de l’action gouvernementale, il sied de s’entourer ou de se faire accompagner de techniciens capables d’éclairer leur lanterne sur certains aspects. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Des contre-vérités, susceptibles d’engendrer des problèmes d’incompréhension et de saper la bonne foi de mon entreprise, sont apparues dans leur jugement. Alors qu’elles n’en valent pas la peine.

A dire vrai, le chantier n’accuse aucun retard. Pour un délai contractuel allant jusqu’au 30 novembre prochain, il ne reste qu’une douzaine de kilomètres à réaliser. Il est évident que le délai normal initial est arrivé à expiration. Mais force est d’admettre que nous avons bénéficié d’un avenant de cinq (5) mois parce que le maître d’ouvrage a consenti des travaux supplémentaires et procédé à la transformation de bien d’autres. Sur ces cinq (5) mois d’avenant, il nous reste à ce jour trois (3) mois. Nous sommes bien dans le délai contractuel. Contrairement à ce qui a été relevé, il n’y a pas dix-sept (17) kilomètres non bitumés. Il ne reste qu’une dizaine de kilomètres de terre rouge avec des amorces. Cette portion est déjà pourvue d’ouvrages d’assainissement et de différentes couches de chaussée. Elle n’attend maintenant que l’enduit superficiel qui est très difficile à mettre en période de pluie. Nous nous donnons le temps nécessaire de trois (3) semaines pour tout boucler avec cette activité. C’est donc surprenant d’entendre dire qu’il y a un grand retard. Il vous souviendra que dans ce pays, il y a des chantiers qui ont duré plus de trois fois leur délai contractuel.
• En plus de la question de délai, il y a celle de la qualité des travaux qui a été aussi pointé du doigt, …
M.B.: Seul un œil de profane pour cette activité peut remettre en cause la qualité de la voie en construction. L’opinion publique doit admettre maintenant que ce projet routier a été exécuté selon les prescriptions techniques du maître d’ouvrage. C’est comme quand un architecte construit une maison à partir du plan qu’on lui a fourni. L’entrepreneur n’invente rien. Tous les professionnels du domaine comprennent cela. C’est donc rigolo d’entendre concernant la route de Dédougou que l’entreprise adjudicataire aurait pu faire ceci ou cela. Le tronçon est construit en enduit superficiel. C’est ce qui nous a été demandé. Il n’a jamais été question ici de couche d’enrobée. Dans ce cas, on ne peut pas parler d’asphalte avec une épaisseur de 10 ou 15 cm. Les travaux de la route Koudougou-Dédougou consistent à la fixation d’enduit superficiel dont l’épaisseur varie généralement entre 1,5 et 3 cm. C’est ce qui a été réalisé conformément aux normes exigées et à la facture allouée aux travaux. Quant aux différents virages, ils ne sont pas le fait de l’entreprise. Ils résultent du plan contenu dans le dossier d’appel d’offres. En somme, la longueur des virages n’a aucun effet nocif sur la circulation. Tous les virages réalisés sur le tronçon répondent aux normes nationales et internationales en la matière.
• Qu’est-ce qui est envisagé sur le chantier pour restaurer l’environnement ?
La mission parlementaire n’a pas tenu compte du délai restant qui est de trois (3) mois. Le reboisement fait partie des activités à mener sur ce chantier. En pareille circonstance, on ne plante pas des arbres pour que des bulldozers viennent les déraciner ensuite. Ce volet intervient après que la route ait été réalisée. Cinq mille (5000) arbres sont à planter entre Koudougou et Dédougou alors que nous n’en avons détruit que mille six cent vingt (1 620). Nous disposons déjà d’une pépinière à la sortie de la ville de Koudougou. Un contrat a été signé avec un prestataire. Nous attendons de finir certains grands travaux avant de les mettre en terre. Le reboisement est une clause contractuelle et nous sommes tenus de la respecter. C’est un devoir de respecter, de sauvegarder et de restaurer l’environnement dans l’exécution du projet.
• Qu’en est-il du non-respect des conditions de travail qui a été relevé?
M.B.: Il est bon de rappeler qu’un entrepreneur est, avant tout, un coordonnateur général sur un chantier comme celui de la route nationale 14. Les travaux mettent plusieurs intervenants en synergie d’actions. Certaines activités sont sous-traitées. Plus de mille (1 000) personnes travaillent sur ce tronçon. Elles ne sont pas toutes des employés de mon entreprise. Nous avons toujours fourni des gilets, des bottes et des casques à nos travailleurs. Cela peut être vérifié sur tous nos chantiers. Mais lorsqu’un sous-traitant arrive sur le chantier avec ses ouvriers qui n’ont pas de bottes, c’est à lui qu’il faut formuler le reproche de n’avoir pas tenu compte des conditions de travail. Les lois sociales s’appliquent aussi aux sous-traitants.

Propos recueillis JE