Avant de quitter le chantier de la route Koudougou-Dédougou, le Chef du gouvernement a dressé un bilan sans complaisance de sa deuxième inspection des travaux. Tout en réaffirmant son satisfecit général et formulé ses encouragements à EBOMAF pour le bon boulot abattu, il a émis des recommandations dans le sens de booster davantage le chantier et dissiper les soucis relatifs au respect effectif du délai. Il a promis y revenir encore dans six (6) mois.
- Quelle est votre appréciation générale après cette inspection qui est en fait votre deuxième visite sur ce chantier ?
- Ma première visite sur ce chantier remonte au vendredi 10 juin 2011. J’ai pu en son temps mesurer l’état d’avancement des travaux. Six mois après ce déplacement, j’ai encore fait quelques constats. Dans l’ensemble, on sent que les travaux avancent. Les 20 premiers kilomètres de tranche de la voie déjà bitumé sur laquelle nous avons circulé pour mieux observer et apprécier montre que cette route va avoir une très belle chaussée. Selon les ingénieurs et techniciens de la maîtrise d’ouvrage, le ministère des Infrastructures et du Désenclavement, celle-ci répond aux normes internationales.
Nous avons également vu les travaux réalisés dans la ville de Dédougou. Ces ouvrages de voiries et réseaux divers (VRD) sont très bien exécutés. La population a sans doute apprécié l’état de la chaussée, sa largeur, la qualité des ouvrages. Nous avons aussi constaté que la construction des ouvrages d’art avance bien. Par rapport à ce que nous avons visité la première fois en juin 2011, il y a une évolution certaine. Il semble, que nous sommes à près de 80% d’évolution entre ces deux passages. Le terrassement est terminé. Le renforcement de la chaussée est en cours.
- Quel est votre avis de l’entreprise qui est commise à la tâche sur cet ambitieux projet ?
Il faut avoir le courage de le reconnaître sans détour: EBOMAF joue à fond sa partition dans la construction de cette voie. Elle tire réellement son épingle du jeu. L’entreprise dispose de beaucoup de moyens de qualité pour gagner ce challenge. Elle se distingue et se différence de nombre d’entreprises nationales dont le principal reproche et le handicap majeur à réussir ce genre de chantier sont, malheureusement, leurs incapacités humaines, matérielles et techniques pour supporter le poids des travaux.
Malgré ces atouts que j’ai salués à leur juste valeur, j’ai fait observer à EBOMAF et à la mission de contrôle, CINCAT, quelques préoccupations liées au respect du délai imparti. Il vrai que le chantier est bien conduit et connait un bel entrain. Les travaux sont très exécutés. Mais cela ne doit faire perdre de vue, la date buttoir qui est l’horizon de mars 2013. Le respect de cette échéance est primordial. Je crains fort qu’elle ne soit pas tenue si on ne met pas encore plus de pression sur les parties prenantes au chantier. Le rappel à l’ordre est nécessaire sinon l’on risque d’avoir quelques problèmes. En échangeant, l’entreprise et le contrôle semblent se rejeter un peu la responsabilité. J’ai donc suggéré qu’ils se retrouveront très rapidement à Ouagadougou pour essayer de revoir le planning de travail afin d’œuvrer ensemble en sorte que le délai soit respecté.
- Quelles mesures compteriez-vous prendre pour sécuriser les ouvrages déjà prêts sur la route parce que l’entrepreneur a émis des inquiétudes quant à leur sauvegarde ?
- L’entreprise a exprimé sa grande et légitime inquiétude de voir qu’une fois les panneaux, installés, ils sont arrachés par les populations. Cela relève de l’incivisme pour lequel je lance un appel afin que les autorités locales proches de l’axe en construction s’investissent dans des actions de sensibilisation pour éviter que la signalisation servant à orienter les usagers ne disparaisse du jour au lendemain par la faute des riverains. Des mesures doivent nécessairement prises pour veiller à la sécurité du matériel et des différents panneaux tout au long de la chaussée.
- Quel message avez-vous particulièrement à l’endroit de EBOMAF et de son PDG ?
- Avant de quitter ce chantier, j’aimerais adresser mes vifs encouragements à l’entrepreneur. Il abat un travail remarquable sur ce chantier. Mon constat est qu’il fait tout simplement du bon travail. Seulement, je lui recommande d’aller encore beaucoup plus vite. Pour ce faire, j’encourage aussi la mission contrôle de consentir encore des efforts pour s’adapter au nouveau rythme de travail. Car l’entrepreneur a soulevé des préoccupations parce que le cabinet de contrôle et la surveillance ne dispose pas de suffisamment de personnel pour suivre le rythme de travail auquel il voudrait imprimer au chantier. Personnellement, je connais le cabinet commis sur ce chantier qui donne, jusque-là, entière satisfaction. Dans leur volonté commune d’accomplir leurs différentes tâches, il faut donc que l’entreprise et le bureau de contrôle se retrouvent pour accorder leurs violons. Cela passe par une bonne planification du travail et un bon suivi. Si nous allons dans ce sens, nous pourrons terminer les travaux dans un an et demi comme prévu.
Dans l’ensemble, cette deuxième inspection est une satisfaction générale. Je promets de revenir encore sur le chantier dans six mois pour constater les avancées qui ont opérées à partir de là. Le niveau de réalisation actuel est déjà bon. Mais comme on aime à le dire chez nous, « c’est bon mais ce n’est pas arrivé ». Il faut donc redoubler d’ardeur car ce projet est un enjeu national attendu par toute une nation.
A partir de la réorganisation que l’entreprise et le contrôle vont effectuer, les choses iront sans doute plus vite. Il appartient à l’entreprise d’encourager ou de mettre les ouvriers au travail. Je l’ai signifié à l’entrepreneur qui affiche une réelle de volonté d’accélérer le chantier qu’il peut arriver que certaines personnes n’aiment pas se donner à la tâche. La rigueur doit être donc de mise sur le chantier pour que chacun joue sa carte à fond pour l’aboutissement de l’infrastructure à temps. Le projet de la Route Nationale 14, Koudougou-Dédougou est un grand chantier qui requiert beaucoup de sacrifices et de travail. Les jeunes qui y ont pu obtenir une embauche sur le chantier doivent effectivement travailler et je les encourage dans ce sens.
Propos recueillis sur le chantier de la RN 14 par SSH
Ce premier ministre burkinabè a l’avantage d’être franc. Il exprime son opinion quel que soit ce qu’en pensera ses compatriotes. Il faut encourager les beaux exemples de réussite. C’est aussi le rôle des dirigeants et des gouvernants. Pour nous qui empruntons régulièrement cette voie, il y a vraiment des raisons de jeter des fleurs à l’entrepreneur. Il tient le pari. Luc Adoplhe Tiao n’a fait que traduire en toute sincérité ce que tout Burkinabè éprouverait comme fierté devant un ouvrage qu’une multinationale montrerait des signes d’incapacité à réaliser. Chers Africains, reconnaissez de plus en plus les mérites des uns et des autres dans vos pays. C’est la seule façon d’entretenir la saine émulation, de ne pas décourager ceux qui se battent réellement. JEAN MARIE RIMET, CONSULTANT EN DEVELOPPEMENT