Sur la route entre Ntoum et Cocobeach, à quelques encablures de la capitale, un ballet de casques blancs, de rouleaux compresseurs et d’ingénieurs concentrés attire l’attention. Ce n’est pas encore l’heure du grand bitumage, mais on s’en approche. Et pour que tout soit prêt, les équipes du ministère des Travaux publics sont venues sur place jauger, mesurer, ressentir… et valider une étape technique qu’aucun chantier routier sérieux ne peut ignorer : la planche d’essai.
Ce mardi matin, Mme Ada Andréa Ginette Mba, directrice générale adjointe des Infrastructures du Transport, a fait le déplacement. Pas pour couper un ruban ou lire un discours. Elle est venue voir, constater, interroger et surtout comprendre si les fondations posées par l’entreprise EBOMAF tiennent la route.
« L’essai que nous faisons ici est essentiel. Il permet de s’assurer que tout ce qui a été conçu sur le papier résiste aux contraintes du terrain. On parle ici d’enrobé, de compactage, de température… Ce sont des éléments concrets, techniques, mais qui garantissent la durabilité de la route », a-t-elle déclaré, au pied des engins.
Le bitume ne s’improvise pas. Sur ce tronçon, le défi consiste à poser une couche homogène, résistante, sans défaut. Le mélange bitumineux doit atteindre une température comprise entre 130 et 155 °C lors de sa mise en œuvre. Il est ensuite compacté à chaud, couche après couche, jusqu’à obtenir les 10 cm réglementaires — soit deux passes de 5 cm bien tassées. Rien n’est laissé au hasard : pas même la taille des grains de gravier.
Les techniciens, thermomètre en main, arpentent la surface. À l’œil nu, on pourrait croire que tout est prêt. Mais eux savent que la route ne pardonne ni les erreurs de dosage, ni la précipitation. La moindre faille aujourd’hui devient fissure demain.
Pendant ce temps, au PK10, la centrale d’enrobé d’EBOMAF tourne sans répit. Plus de 1 000 tonnes de bitume en sortent chaque jour, dans un rythme soutenu. « La cadence est bonne, les équipes sont mobilisées, mais il faut que la qualité suive », glisse un superviseur sur place.
La présence des agents des Travaux publics gabonais s’inscrit dans une double mission : surveiller et accompagner. Pour l’administration, cette phase de test n’est pas une chasse aux erreurs, mais un moment de collaboration. « Nous ne sommes pas là pour sanctionner, mais pour évaluer, ajuster et faire en sorte que le projet atteigne son plein niveau d’exigence », précise Mme Andréa Ginette Mba. Une manière d’affirmer un mode de travail fondé sur le dialogue, la proximité et le respect des compétences de chacun.
Il s’agit d’une étape discrète, mais décisive. Ce que vivent les équipes sur ce chantier est souvent invisible aux yeux du grand public. Pourtant, c’est à ce moment précis que se joue l’avenir de la route. Si la planche d’essai passe l’épreuve, alors le reste du chantier peut se dérouler sereinement. Sinon, il faudra revoir la méthode, ajuster les machines, reprendre certaines portions. C’est le prix de la qualité.
Au final, plus qu’un test technique, cette mission ressemble à une promesse : celle de construire une route solide, durable, utile aux populations. Et derrière cette promesse, il y a des femmes, des hommes, des savoir-faire et une volonté partagée de bien faire.
JKDM/AB/JESP